Fatoumata Kebe, la tête dans les étoiles

astronomie

Fascinée par la lune, amoureuse de littérature, un parcours fulgurant qui la propulse au rang d’astronaute, d’astrophysicienne, d’ingénieure, de docteure et d’auteure.

« Petite, la lune était mon ciel étoilé  »

Elle naît dans les années 80 en région parisienne et se passionne pour l’astronomie au détour de la lecture d’une encyclopédie.

A l’âge de 8ans elle décide qu’elle serait astronaute ou spationaute et qu’elle irait voir de plus près les étoiles.

Elle raconte de façon anecdotique que le jour de l’obtention de son bac, sa maman l’a chaleureusement félicitée pour lui suggérer quelques minutes après, d’aller postuler comme caissière chez Carrefour.

Elle se donne les moyens de ses ambitions et poursuit des études supérieures dans une filière scientifique. 

Son rêve prend forme, elle cumule les diplômes : licence d’ingénierie mécanique, master mécaniques des fluides, doctorat d’astronomie. Elle se rend au Japon pour parfaire son parcours académique et intègre une université dans laquelle elle se projette concrètement dans son métier futur en concevant notamment des mini-satellites.

L’épopée interstellaire de Fatoumata démarre alors, elle intègre en tant que stagiaire les plus grandes institutions 
astronomiques : NASA, International Space Universtity, CNRS.

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Nicolas Moulard

Impliquée socialement, humaine tout simplement

Lorsqu’on la félicite sur son parcours elle fait preuve d’humilité. Elle cite comme exemple les mamans maliennes notamment, se réveillant aux aurores et rentrant tard le soir après avoir nettoyés sans relâche des bureaux avant l’arrivée et après le départ des nombreux cols blancs. 

Elle insiste sur le fait que ce sont elles qui méritent d’être mises en lumières et félicitées. 

Elle parcourt les établissements scolaires et incitent les jeunes qu’elle rencontre à faire preuve d’ambition, à se dire que rien n’est impossible et à ne pas se censurer. Les inégalités scolaires, les écarts entre enfants provenant d’établissements scolaires réputés et ceux issus d’écoles de niveau moyen sont l’une des raisons pour lesquelles elle s’implique sur ce volet.

Elle insiste sur l’importance pour ces jeunes d’avoir des modèles qui leurs ressemblent. Elle rit même avec eux des remarques qu’on a pu lui faire, « Vous Fatoumata, vous êtes astronaute ? » !

Un fort attachement
au continent africain

Fatoumata puise ses origines au Mali (l’empire du Mali s’amuse t-elle à dire lorsqu’un intervenant lors d’un TEDX qu’elle tenait à Abidjan a interpellé l’auditoire sur la richesse du continent et la richesse de son histoire en insistant sur le fait qu’il s’agissait dans le passé d’un empire / d’un royaume). 

Elle dévore les ouvrages d’Amadou Hampaté Ba. Elle s’amuse du fait qu’il soit plus aisé de trouver ses travaux en France qu’à Bamako et se dit qu’une transmission du savoir est nécessaire. Elle lance alors un projet entrepreneurial visant à proposer des systèmes d’irrigation connectés pour le secteur agricole fonctionnant à l’énergie solaire à destination du continent africain.

Viser la lune 

La thèse de Fatoumata traite des débris spatiaux (vieux satellites, débris de fusées, vis..), et elle en a fait sa spécialité.  La lune est également son sujet de prédilection, en témoigne son ouvrage « La lune est un roman ». Elle souligne très justement le fait que l’homme contemporain ne lève plus la tête, il ne la regarde plus.. Elle ambitionne de faire partie des prochaines personnes à retourner sur la lune pour l’observer, l’analyser… Et surtout pas la coloniser. Elle s’insurge de ce terme qu’elle trouve inapproprié, péjoratif… Qui renvoie à un douloureux passé. 

Le terme « role model » prend tout son sens lorsqu’on se penche sur son parcours. Viser la lune c’est ce qu’elle a fait.